Nous le savons, les religions influencent la pratique des affaires. Mais de façon plus large, qu’en est-il de l’influence de la religion sur le développement économique?
À ce sujet, « [Max] Weber a prévu les difficultés que rencontrent aujourd'hui les pays en voie de développement, en raison du fossé qui sépare la mentalité religieuse de ces hommes et le rationalisme économique qu'ils tentent d'imposer. "Les entraves, écrit-il à ce propos, ne se situent pas au plan du pouvoir et du vouloir, mais à celui des traditions invétérées." Autrement dit, le développement n'est pas seulement un problème de production, mais aussi et surtout de mentalité»
[1].
Est-ce certaines religions y seraient plus favorables que d’autres? Des auteurs prétendent que oui. Dans le livre Religion et Développement, les auteurs affirment que «la religion semble enfermer la société dans une matrice qui lui impose un seul type de développement» [2]. Pour valider cette hypothèse, ils suggèrent qu’en regroupant les pays par religions dominantes, formant ainsi des aires religieuses entre lesquelles le développement est comparé, il est possible de remarquer que certaines religions seraient tout à fait conciliables avec la notion de développement économique, tandis que d’autres s’y associent très mal.
Il s’agit là de «facteurs qui agissent matériellement sur l’économie […][tels que] offrandes, ramadan, place accordée à la femme dans la société, […][et de]facteurs intellectuels qui forgent la mentalité profonde de l'individu en conditionnant sa vie intellectuelle et sa façon de percevoir le monde, de nouer des relations avec l'autre et, bien sûr, avec l'au-delà, […] structure l'individu et lui permet ou l'empêche d'agir, de découvrir, d'entreprendre, d'engendrer le développement » [4].
À ce sujet, « [Max] Weber a prévu les difficultés que rencontrent aujourd'hui les pays en voie de développement, en raison du fossé qui sépare la mentalité religieuse de ces hommes et le rationalisme économique qu'ils tentent d'imposer. "Les entraves, écrit-il à ce propos, ne se situent pas au plan du pouvoir et du vouloir, mais à celui des traditions invétérées." Autrement dit, le développement n'est pas seulement un problème de production, mais aussi et surtout de mentalité»
[1].
Est-ce certaines religions y seraient plus favorables que d’autres? Des auteurs prétendent que oui. Dans le livre Religion et Développement, les auteurs affirment que «la religion semble enfermer la société dans une matrice qui lui impose un seul type de développement» [2]. Pour valider cette hypothèse, ils suggèrent qu’en regroupant les pays par religions dominantes, formant ainsi des aires religieuses entre lesquelles le développement est comparé, il est possible de remarquer que certaines religions seraient tout à fait conciliables avec la notion de développement économique, tandis que d’autres s’y associent très mal.
Par exemple, les auteurs mentionnent qu’«en Europe, quelques pays du nord se distinguent par leur "dynamisme " - ce sont les pays protestants. Les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle Zélande " consolident " leur croissance économique - ce sont aussi des pays protestants. L'Europe de l'Est sort difficilement du " chaos économique " - ce sont surtout des pays orthodoxes. L'Amérique latine se redresse pour mieux retomber - ce sont des pays catholiques. Le Moyen-Orient, le Maghreb connaissent " marasme et tensions extrêmes " - ce sont des pays musulmans. L'Afrique subsaharienne subit "génocides et déstabilisations " - ce sont des pays animistes. Les pays de l'est asiatique " émergent " - ce sont des pays confucianistes » [2].
En partant du constat qu’en termes de développement économique l’impact des religions est déterminant, les auteurs ont dressé une liste de facteurs d’influence religieuse positive et négative propres à chaque religion étudiée. De cette façon, ils proposent un classement des religions les plus performantes en termes de développement économique, qui selon eux pourrait peut-être expliquer, en partie, l’hétérogénéité du développement dans le monde. Les auteurs précisent également que ce n’est pas nécessairement l’absence de facteurs positifs qui affectent le plus le développement des aires les moins performantes, mais bien la quantité importante de facteurs négatifs. Voici ce classement.
En partant du constat qu’en termes de développement économique l’impact des religions est déterminant, les auteurs ont dressé une liste de facteurs d’influence religieuse positive et négative propres à chaque religion étudiée. De cette façon, ils proposent un classement des religions les plus performantes en termes de développement économique, qui selon eux pourrait peut-être expliquer, en partie, l’hétérogénéité du développement dans le monde. Les auteurs précisent également que ce n’est pas nécessairement l’absence de facteurs positifs qui affectent le plus le développement des aires les moins performantes, mais bien la quantité importante de facteurs négatifs. Voici ce classement.
Il s’agit là de «facteurs qui agissent matériellement sur l’économie […][tels que] offrandes, ramadan, place accordée à la femme dans la société, […][et de]facteurs intellectuels qui forgent la mentalité profonde de l'individu en conditionnant sa vie intellectuelle et sa façon de percevoir le monde, de nouer des relations avec l'autre et, bien sûr, avec l'au-delà, […] structure l'individu et lui permet ou l'empêche d'agir, de découvrir, d'entreprendre, d'engendrer le développement » [4].
A priori, il est facile de douter de cette théorie puisque les effets des facteurs d’influence en question peuvent être interprétés différemment par chacun, et certains diront sans doute que cette analyse semble très stéréotypée. Toutefois, je crois tout de même qu’il y à là matière à réflexion. C’est ce que nous tenterons d’éclaircir sur ce blog, en cherchant, de manière plus précise, des liens entre certaines religions et les façons de faire des affaires qui y sont associées.
Merci pour ce billet très intéressant. J’aimerais par contre y apporter quelques éléments additionnels provenant d’un article du magazine Forbes. Cet article résume une entrevue faite avec Peter Berger, un sociologue de renommée mondiale.
RépondreEffacerBerger explique plus en détail quelques facteurs qui rendent certaines religions plus favorables au développement économique, et d’autre plutôt défavorables. Selon lui, le style de vie découlant du protestantisme aurait joué un rôle majeur dans la création de la prospérité que connaissent aujourd’hui les pays développés. Cela s’expliquerait par une plus grande importance accordée au monde terrestre (comparativement au catholicisme médiéval, qui accordait plus d’importance à la vie après la mort) ce qui aurait favorisé un style de vie productif et la création de richesse. De plus, les religions protestantes ont toujours vu d’un mauvais œil la surconsommation et les dépenses excessives, ce qui a favorisé l’accumulation de capital par les individus.
Pour ce qui est des religions freinant le développement économique, Berger donne l’exemple de l’Islam. Le statut d’infériorité que cette religion impose à la femme est certainement un frein à l’économie, puisqu’on isole ainsi la moitié de la population et on se prive de leur talent. De plus le fait certains pays musulmans ne donnent pas aux femmes l’accès à l’éducation rend les choses encore pire, puisque les mères jouent un rôle primordial dans l’éducation des enfants.
Par contre, ces théories qui associent religions et développement économique comportent certaines faiblesses. Premièrement, les religions changent avec le temps et il peut être trompeur de faire un lien avec les caractéristiques générales d’une religion et le développement économique d’une région. On doit aussi tenir compte du contexte historique, et des autres facteurs qui ont influencé le mode de pensée des populations, comme les différents courants philosophiques.
Selon Berger, il est aussi important de distinguer les effets de la religion sur les individus, et ses effets sur les institutions. Par exemple, le confucianisme a toujours encouragé l’éducation, le travail ardu et la gratification différée, qui sont des facteurs importants de prospérité économique. Par contre, cette religion méprisait le commerce, ce qui a contribué à créer des sociétés peu entrepreneuriales.
Voici le lien pour l’article :
http://www.forbes.com/sites/jerrybowyer/2013/05/29/is-religion-an-essential-driver-of-economic-growth/
Samuel Gouin
Merci Samuel pour ton commentaire de grande qualité. Je suis tout à fait d'accord avec l'idée qu'il est risqué de juger trop rapidement les religions, comme si elles étaient homogènes et qu'elles n'évoluaient pas.
RépondreEffacerUne évaluation de la "performance" d'une religion est un exercice on-ne-peut-plus subjectif, qui porte assurément sur des éléments propres à un certain moment historique, à l'intérieur d'une culture spécifique, influencée par des courants de pensée propres à un endroit et un moment précis. Puis, la proposition de Berger, de faire la distinction entre effets sur les individus et effets sur les institutions, est assurément une piste qui devrait permettre une analyse plus rigoureuse du phénomène d'influence qui nous intéresse ici.
Malgré tout, certaines observations semblent récurrentes chez différents auteurs et dans différentes méthodes d'analyse. Toutefois, pointer du doigt une religion n'est pas chose aisée pour un néophyte en la matière. Pour reprendre les mots de l'article que tu proposes, «when it comes to talking about religious differences, there is a policeman in your head who twirls his night stick every time you question the current dictates of our pervasive political correctness speech code». C'est pourquoi, tant que je n'aurai pas poussé mon analyse et éliminé une bonne part de subjectivité, je m'abstiendrai d'affirmer quelque constat.
C'est un phénomène complexe qui demandera davantage de recherche.